Q7 - Reconnaître le rôle de facteurs génétiques ne justifie-t-il pas le recours à l'eugénique?

Ceux qui se feraient les avocats de l'eugénique (ou de l'eugénisme) en croyant, par ce moyen, éradiquer à plus ou moins long terme les maladies mentales chroniques ont tort pour diverses raisons.

Tout d'abord, ils se trompent par ignorance des mécanismes génétiques. En effet, les copies altérées (ce qu'en jargon technique de généticien on appelle les allèles) de gènes impliqués dans la genèse de ces affections se reforment, périodiquement, ici et là dans l'ensemble de la population humaine, par mutations au sein de notre patrimoine génétique. Ceci est un processus tout à fait normal propre à toutes les espèces vivantes, dont l'espèce humaine n'est qu'un des exemples. C'est ce processus qui, avec la sélection naturelle, est responsable de l'évolution de toutes les espèces (cette évolution n'est pas perceptible à l'échelle de temps de l'individu mais s'étale sur de très nombreuses générations). Par conséquent, ceux qui supposent (à tort) que, par exemple, en empêchant les psychotiques de se reproduire, on arriverait à la longue à les faire disparaître de la surface du globe, comme de dangereux illuminés et fumeux idéologues politiques l'ont parfois imaginé à propos de certains groupes ethniques qui ne leur plaisaient pas, ceux-là se trompent lourdement (un exemple de cette vérité, bien connu du grand public, est celui de l'hémophilie qui, jusqu'à il n'y a pas si longtemps, ne laissait pas ses victimes atteindre l'âge de procréation. Les hémophiles n'en sont pas disparus pour autant!)

Ensuite, les gènes altérés pouvant être responsables de dysfonctionnements de notre système nerveux central sont multiples et non pas isolés, ce sont des combinaisons de gènes qui peuvent, de concert, influencer d'autres gènes et, ainsi, avoir des fonctions multiples dont celles qui sont néfastes sont l'exception, tandis que toutes les autres sont indispensables, ont leur utilité.
Quoique bien éloignée de la réalité biologique, une comparaison simple peut faire comprendre ce que les eugénistes voudraient pouvoir faire: sous prétexte que la schizophrénie, par exemple, contient les lettres s, c, h, i, z, etc., ils imaginent supprimer ces lettres de l'alphabet. Ils oublient qu'ainsi, sans aucune utilité d'ailleurs, ils effaceraient un nombre incalculable de mots indispensables de notre vocabulaire, de notre dictionnaire génétique.

Les tenants de l'eugénique qui prétendent se baser sur des données scientifiques sont donc, en réalité, des fumistes qui ne sont dangereux que quand les politiques s'avisent de les prendre au sérieux.


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