Revendication 9 - LA PREVENTION MEDICALE SCOLAIRE

Les familles de malades mentaux (et les associations les regroupant) revendiquent que soit rendu obligatoire et systématique un premier entretien du médecin de la prévention médicale scolaire avec tous les parents: dès la première scolarisation de leur enfant, et sans attendre pour cela la survenue d'une affection médicale ou d'un accident (de santé).
Au cours de cet entretien, un volet de l'interrogatoire médical devrait porter obligatoirement sur les éventuels antécédents psychiatriques familiaux de ces enfants. Les renseignements ainsi obtenus seraient couverts par le secret médical.

Ces renseignements médicaux seraient consignés dans un "carnet médical scolaire" ou "dossier médical scolaire" accessible seulement au médecin de la prévention scolaire ou, sur sa demande, au médecin (pédiatre) de la famille de l'élève. Ce "carnet" suivrait l'élève sur toute la durée de ses études.

Ces renseignements seraient précieux pour les médecins de la prévention scolaire, car ils leur permettraient de détecter et de délimiter une population "à risques" pour les psychoses. Ils attireraient également leur attention sur les futurs adolescents à suivre plus attentivement, permettant ainsi de diagnostiquer et de soigner plus précocement des psychoses débutantes.

Le personnel médical et infirmier de la prévention médicale scolaire devrait être sensibilisé tout particulièrement à ce problème, ainsi que les enseignants et les responsables d'associations de parents. Les associations de parents de malades mentaux chroniques revendiquent de participer à cette sensibilisation. Elles veulent obtenir l'autorisation et les facilités de la COCOF pour, en concertation avec les responsables de la Prévention Médicale Scolaire, mettre en place un service d'information sur ces problèmes et y assumer le rôle que justifie l'expérience pratique qu'elles ont acquise dans ce domaine.

Ainsi pourrait enfin être fait le premier vrai pas en direction d'une future "prévention" des psychoses, cette prévention dont de nombreux responsables souvent se vantent aujourd'hui sans vraiment comprendre de quoi il est question.

Explications complémentaires

Quoi que prétendent beaucoup de responsables de la politique de santé, sans doute encore mal informés, les causes des psychoses ne sont PAS connues. Par conséquent, il est à peu près impossible de prévenir leur apparition.

Les experts du monde entier s'accordent pour penser que les causes probables des psychoses sont pour partie d'origine génétique, pour partie d'origine développementale. Des facteurs physiques environnementaux viennent sans aucun doute s'ajouter encore aux causes précédentes.

Les composantes psychologiques du tableau des psychoses sont la conséquence de l'affection, elles n'en sont pas la cause. Cependant, une fois la psychose apparue, les complications psychologiques qu'elle entraîne avec elle peuvent s'organiser en cercle vicieux aggravant la maladie et ses conséquences sociales, surtout en l'absence d'une information adéquate de l'entourage. Dès ce moment, la confusion s'installe entre causes et conséquences de l'affection. Elles deviennent difficiles à distinguer, non seulement pour le profane, mais aussi pour l'observateur professionnel occasionnel.

Ce devrait être une tautologie, évidente pour chacun, qu'aucune prévention de quelque phénomène que ce soit n'est jamais possible si les causes de ce phénomène ne sont pas connues (et c'est le cas pour les psychoses...)

Par conséquent, tout ce qu'on peut tenter actuellement, c'est de soigner les malades le plus précocement possible après les manifestations initiales de l'affection. Malheureusement, les signes morbides connus sont de nature purement psychologique et doivent être multiples pour revêtir une signification pathologique: aucun d'entre eux ne constitue jamais à lui seul qu'une très faible présomption de maladie mentale: seul un faisceau de pareilles présomptions permet de diagnostiquer une psychose grave. Ceci explique pourquoi, fort souvent, le diagnostic de psychose n'est que relativement tardif et, par conséquent aussi, la mise en oeuvre d'un traitement adéquat n'est-elle entreprise que plus tard encore.

La seule manière de réduire ces délais fort dommageables est d'exercer une surveillance médicale très vigilante sur les adolescents qui sont la cible de prédilection de la psychose la plus grave: la schizophrénie. Il ne peut évidemment être question de soumettre l'ensemble de la population scolaire à des tests qui, appliqués ainsi, seraient trop coûteux pour la communauté et qui, de surcroît, risqueraient d'engendrer dans le public une phobie bien injustifiée de maladie mentale.

On peut cependant espérer que le premier entretien du médecin de la prévention médicale scolaire avec les parents ou proches de l'enfant permette d'identifier, parmi la population générale, une "fraction à risques" qui, étant cette fois beaucoup moins nombreuse, pourrait plus aisément faire l'objet d'une vigilance particulière, sans toutefois éveiller des craintes inutiles.


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