Note 8
Explication du diagnostic et des symptômes au malade.
Expliquer au malade son diagnostic et ses symptômes, de telle sorte qu'il "comprenne" sa maladie, c'est une théorie assez naïve de certains psychiatres qui auraient tendance, par désir de "modernité", à confondre information avec publicité voire démagogie, à mélanger thérapeutique pour psychotiques et thérapies cognitivo-comportementales pour névrosés et phobiques, et qui généralisent, pour le moins un peu hâtivement, leurs intentions et idées généreuses à l'ensemble des malades atteints de schizophrénie.
Il est certes vrai qu'il faut tenter d'expliquer au malade son diagnostic, etc., etc. Toutefois, pareilles tentatives ne peuvent espérer être couronnées de succès que si certaines conditions sont préalablement remplies. Je doute qu'on s'en soucie habituellement.
- Premier doute: dans notre pays, on ne semble guère
désireux d'évaluer, par des tests psychologiques fiables
et reproductibles, la conscience que les malades ont de leur maladie,
et la capacité qu'ils auraient d'en admettre l'existence. Comment
peut-on alors croire que certains espèrent sincèrement être
capables de choisir les malades qui seraient à même de "comprendre
leur maladie" si on la leur expliquait? Essaie-t-on de le faire?
- Deuxième interrogation: depuis le temps que
l'existence de cette affection mentale est reconnue par nos psychiatres,
ces derniers ne semblent pourtant guère ni réellement désireux
ni particulièrement doués pour expliquer clairement, de
manière compréhensible, aux parents et proches de malades
schizophrènes, en quoi consiste la "maladie" appelée
"schizophrénie" dont leur malade est atteint. En effet,
bien que les membres des familles soient pourtant suffisamment "sains
d'esprit" pour être capables de comprendre les explications
qu'on leur donnerait, dans leur majorité ils ne comprennent pourtant
pas l'affection de leur proche ou enfant. C'est donc, probablement, soit
parce qu'on ne leur donne pas les explications, soit parce que celles-ci
ne sont peut-être ni compréhensibles ni convaincantes?
Mais alors, si nos professionnels ne parviennent pas à faire comprendre la maladie de leur proche aux personnes bien portantes, comment peuvent-ils imaginer qu'ils puissent, a fortiori, y parvenir avec des malades qui, précisément, "n'ont pas toute leur tête", et dont ils ne savent pas à "quelle partie de leur tête" ni comment ils devraient s'adresser pour être bien compris d'eux?