III. Comment la schizophrénie se manifeste-t-elle?
     Comment cela commence-t-il ?

III-3. Cours de la maladie (son évolution)

Chaque cas est unique, non seulement dans ses manifestations, mais aussi dans son évolution 8. Par conséquent, contrairement à nombre d'affections dites "somatiques", un pronostic sûr n'est donc pas possible. Même après de nombreuses années de maladie et dans des situations en apparence désespérées, on peut pourtant garder l'espoir d'une amélioration, et des cas de rémissions spectaculaires, parfois tardive, ont été rapportés (il faut toutefois reconnaître qu'ils sont rares et que "rémission" ne signifie pas guérison).

Les manifestations de l'affection peuvent changer en peu de temps, s'accentuer ou s'atténuer, sembler disparaître complètement ou être remplacés par d'autres. Cependant, la plupart des psychiatres semblent s'accorder sur un pronostic généralement moins optimiste dans les cas les plus précoces et ceux où prédominent les signes "négatifs".

On affirme généralement que:

20-25% des malades, après une ou plusieurs "crises", récupèrent assez pour être capables d'affronter la vie de manière autonome.

20-25% des malades requièrent un encadrement qui, dépassant les capacités des familles et des habitations protégées, n'est possible qu'en milieu hospitalier (quelles que soient, selon les pays, les modalités et appelations des institutions hospitalières chargées d'accueillir ces malades-là).

On affirme que 50-60% des malades peuvent, la plupart du temps, se passer de l'aide de l'hôpital. Leurs handicaps divers les obligent néanmoins à recourir périodiquement à une aide leur permettant de faire face aux contingences de la vie quotidienne.

Pour les raisons évidentes que sont les conséquences directes de leur affection, mais qu'une majorité de responsables mal motivés (irresponsables) et de prétendus professionnels (peu lucides ou peu compétents?) préfèrent (par ignorance ou par opportunisme?) faire passer pour de la discrimination et de la stigmatisation, ces malades rencontrent d'énormes difficultés pour trouver un emploi stable, qu'il soit permanent, temporaire ou seulement intermittent. Ils ont du mal à se faire des amis et à les garder. Ils ont besoin d'assistance à leur domicile et sur le lieu de travail; les structures offrant ce genre de services sont encore extrêmement rares et, bien souvent, celles qui existent ne répondent pas aux besoins réels des malades. Le plus souvent, ce sont encore la famille et les amis qui restent leur soutien le plus fidèle.

L'intensité des symptômes "positifs" de la schizophrénie s'émousse avec l'âge. Les professionnels de la psychiatrie croient pouvoir affirmer que, grâce à un meilleur traitement et de meilleures possibilités de réinsertion, la (les) schizophrénie(s) aurai(en)t aujourd'hui un pronostic plus favorable qu'il y a une cinquantaine d'années. Cette opinion est cependantcontroversée, de nombreuses études montrant au contraire que l'évolution et l'aboutissement de la maladie elle-même ne se seraient guère améliorés, même depuis l'avènement des neuroleptiques. D'après l'expérience des proches, la (les) schizophrénie(s) reste(nt), aujourd'hui encore, une des maladies pesant le plus lourd, tant sur le malade que sur sa famille, parce que les possibilités de traitements vraiment efficaces sont très insuffisantes. Même si les symptômes "positifs" s'atténuent avec le temps et que l'état du malade se stabilise quelque peu, on ne peut ignorer le handicap social permanent qui persiste, avec souvent d'autres déficits plus ou moins nombreux. Ce ne sont pas les crises spectaculaires, celles qui effraient les profanes, celles que certains souvent appellent erronément des "récidives" ou des "rechutes", qui constituent le plus grave problème de la schizophrénie: c'est l'invalidité permanente et durable qui, chez une grande majorité des malades, résulte de leurs capacités diminuées, donc de leur état de dépendance à autrui, et aussi la carence des contacts sociaux 9, toutes conséquences directes de la maladie.

La majorité des malades de schizophrénie ont besoin d'être assistés activement, car ils sont très dépendants, manquent d'initiative, ne sont que partiellement capables ou même sont totalement incapables de travailler; en outre, ils ne sont très souvent pas capables de gérer eux-mêmes leurs affaires personnelles ni même d'organiser seuls leurs activités les plus élémentaires (les banales mais indispensables tâches quotidiennes, p.ex.).

III-4. Différentes formes (modalités des manifestations)

la fuite de soiLes psychiatres distinguent plusieurs formes (manières de se manifester) de schizophrénie. Ici, seule une brève énumération simplifiée en est donnée. (Pour le profane, ces distinctions, purement descriptives, n'ont qu'un intérêt très limité. Elles sont d'ailleurs controversées, même entre professionnels. Il en est fait état ici pour éviter aux profanes de se perdre dans le labyrinthe du jargon psychiatrique que les professionnels affectionnent et qu'habituellement ils utilisent chacun à sa manière, qui n'est pas nécessairement toujours superposable à celle des autres.)


SUITE - Chapitre IV : Les causes de la schizophrénie

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