Chap. VII
Note 3

Une information objective sur la maladie.

La nécessité d'une information objective sur la maladie paraît évidente: elle seule permet aux soignants et à la famille de prendre les discours, attitudes et comportements "incompréhensibles", ou "illogiques", ou "absurdes" du malade pour ce qu'ils sont: des manifestations de la maladie, et non pas de simples fantaisies ou d'aimables lubies passagères auxquelles, soit on ne devrait pas prêter attention, soit on se heurterait en essayant en vain de les contrecarrer.

Seule l'information correcte à propos de la maladie permet de quelque peu pressentir les exacerbations de l'affection qui s'annonceraient, de reconnaître les situations à éviter, etc., etc., bref: de "s'adapter" au malade.

Cette information objective devrait, en principe, être aussi accessible au malade lui-même, pour, disent certains, lui permettre de contrôler les manifestations de son affection lorsqu'il "les sent venir". Je crains que ceux qui affirment cela ne généralisent délibérément et de manière excessivement optimiste les cas de malades seulement légèrement atteints à l'ensemble des malades. Un moment de réflexion fera comprendre à tout un chacun que l'information qu'on voudrait ainsi transmettre au malade, ne sera acceptée de lui que dans la mesure où son éventuelle anosognosie le permettra. Ce sera aux proches, au préalable bien informés par les professionnels, de décider, en fonction des réactions de leur malade, de ce qu'il est capable d'entendre, de comprendre, et de quelle manière il est bon de lui en parler. Si, par contre, le psychiatre ne parle qu'au malade seul (la fameuse relation privilégiée et de confidentialité invoquée par de nombreux "psys"!), ce dernier peut fort bien n'interpréter les recommandations du médecin à propos du traitement que selon ses propres désirs et répugnances, et omettre de transmettre les instructions à ceux qui, autour de lui, sont chargés de veiller à ce qu'il s'y conforme. Pareille politique de mise à l'écart des membres de la famille est encore fréquente parmi nos praticiens de la psychiatrie; en pratique, elle favorise l'abandon du traitement et ainsi conduit aux catastrophes. Il faut donc s'insurger contre elle et la dénoncer vigoureusement.


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