La piste génétique - Une erreur centenaire?

Un thème revient fréquemment dans les débats sur la psychiatrie: le caractère soi-disant "héréditaire" des affections psychiques.

Aujourd'hui, de nombreux psychiatres défendent la thèse selon laquelle la schizophrénie, ou les autres formes de psychoses, se développeraient chez des individus ayant une prédisposition génétique à cela. Certains élargissent cette théorie aux autres affections de l'âme: les dépressions, ou, chez les enfants, ce soi-disant "trouble" que les éducateurs appellent "hyperactivité".

Cette théorie suscite la révolte de nombre d'ex-patients, qui considèrent qu'il s'agit là d'une thèse assimilable au racisme.

Examinons les arguments de cette théorie génétique. Ses partisans mettent en avant le fait que l'on trouve parfois, dans la famille de personnes considérées comme "psychotiques", d'autres personnes souffrant d'affections similaires. Selon leurs statistiques, une personne "saine" choisie au hasard a moins de chances qu'une personne "psychotique" d'avoir des personnes "psychotiques" dans sa famille. Cela suggérerait l'existence d'un soi-disant facteur "génétique" prédisposant aux affections de l'âme.

Le hic, c'est que cette thèse est proche des théories racistes qui, il n'y a pas si longtemps, faisaient affirmer à certains soi-disant "scientifiques" que certaines "races" seraient "moins intelligentes" que d'autres, "l'intelligence" se transmettant également, selon eux, par la voie génétique. L'on en tirait la conclusion que les habitants de certaines régions du monde, par exemple, l'Afrique subsaharienne, auraient atteint un niveau de développement technique inférieur à celui dont jouissent les Européens parce que l'intelligence des Africains serait moindre...

Aujourd'hui, ces thèses racistes ont pour ainsi dire disparu dans les poubelles de l'histoire: si certaines formes de racisme subsistent, il ne viendrait plus à l'idée de personnes un tant soit peu sensées d'affirmer que les "noirs" seraient moins intelligents que les "blancs". De nombreux étudiants africains ont brillamment réussi leurs études universitaires. Des fils de paysans analphabètes peuvent devenir astrophysiciens, et leurs capacités intellectuelles sont certainement égales à celles des "blancs".

Pourtant, une personne mal intentionnée pourrait, aujourd'hui encore, en jouant avec les statistiques, affirmer des horreurs racistes. Exemple: l'on pourrait, en choisissant un échantillon représentatif de la population mondiale, démontrer qu'il existe une relation entre le taux de mélanine dans la peau (la mélanine fait que la peau soit plus ou moins foncée) et le taux d'analphabétisme... Et aboutir à des conclusions racistes.

Les théories des partisans d'une origine génétique (ou partiellement génétique) des "maladies mentales" ne sont guères plus fondées que les arguments racistes. Le fait que les psychoses apparaissent plus facilement chez les personnes ayant d'autres psychotiques au sein de leur famille peut s'expliquer, très simplement, par le fait que les "psychoses" ne sont, en définitive, qu'une certaine manière de se comporter, et que les comportements se transmettent par l'éducation ou par l'exemple. Si un membre de votre famille se comporte d'une manière "psychotique" alors que vous êtes enfant, vous développerez peut-être, en raison de l'exemple qu'il vous donne, un type de comportement qui vous vaudra plus tard d'être, à votre tour, étiqueté "psychotique"...

Il est absolument impossible de démontrer par des statistiques que les psychoses, ou d'autres affections psychiques, aient une quelconque origine génétique.

Pour prouver une telle chose, les partisans de la thèse génétique devraient isoler le ou les gènes qui sont à l'origine des psychoses, puis découvrir en quoi ces gènes ont une influence sur le cerveau, pour démontrer quel est l'hypothétique facteur "biochimique" qui rend les intéressés "malades".

De telles recherches ont été menées pendant plus d'un siècle. Sans succès véritable. Oh, il est bien arrivé, à plusieurs reprises, que des chercheurs décrètent que, sur un échantillon donné de personnes étiquetées "psychotiques", un certain gène était plus fréquent que dans l'ensemble de la population... Mais rien de convainquant n'a été découvert.

Il est même arrivé, en certaines époques, que des médecins examinent à loisir des cerveaux de personnes "psychotiques". C'est, par exemple, ce qu'ont pu faire des médecins allemands entre 1933 et 1944. Ils n'ont observé aucune différence entre les cerveaux "psychotiques" et les cerveaux "sains"! À l'époque, les neuroleptiques n'existaient pas...

Plus tard, d'autres médecins ont pu montrer qu'il existait une différence entre les cerveaux de personnes non-psychotiques et celui de patients psychiatriques... Le hic, c'est que les dits patients avaient tous (ou presque) subi des traitements neuroleptiques, qui - c'est prouvé - altèrent véritablement le cerveau d'un individu!

Étant donné que, de nos jours, la prescription de neuroleptiques aux personnes considérées comme "psychotiques" est devenue, à ma connaissance, quasiment automatique, toute étude sur les cerveaux de personnes considérées comme "psychotiques" est caduque... sauf si elle vise à démontrer que les neuroleptiques peuvent, à long terme, être dangereux, et qu'il convient, comme c'est expliqué ailleurs sur ce site web, de ne les utiliser que pour des périodes limitées.

En définitive, le fait que des médecins n'aient, en plus d'un siècle de recherches, pu apporter aucune preuve convainquante attestant d'un facteur génétique prédisposant aux psychoses démontre que cette thèse est fausse. Les maladies psychiques relèvent du psychisme - quelle lapalissade!

Schizo anonyme

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