Mis en ligne le 9 août 2004 sous l'intitulé Les neurones à la lanterne. Cognition = Oppression en réaction à l'article |
paru dans le n°627, pp. 242-244 de avril-mai-juin 2004 de la revue "Les Temps Modernes" |
"Le Club de L'Horloge et la Psychanalyse: Chronique d'un antisémitisme masqué" par Elisabeth Roudinesco |
34. "Dans le monde du scientisme dominant qui nous gouverne..."
"...Cet homme comportemental n'aurait plus d'autre destin que celui de
se soumettre à l'impératif d'une fin de l'histoire. Pour son
plus grand bonheur, il devrait renoncer à toute forme de liberté
pour devenir l'esclave de ses neurones et de sa cognition: ni affect, ni souffrance,
ni parole ni rébellion.[...]".
Telle est, selon Mme Elisabeth Roudinesco, la détestable vision de
"l'esprit" de l'homme - ce qu'elle appelle "l'homo pharmacologicus
postmoderne" que, paraît-il, voudraient promouvoir les partisans
des neurosciences, de la psychologie scientifique et adversaires de la psychanalyse.
Allons-nous pouvoir nous féliciter d'ajouter enfin aux autorités
intellectuelles et lumières morales de notre temps des personnes qui,
comme l'auteur(e) de ces lignes, revendiquent avec tant de franchise, de liberté
et de conviction spontanée (sans neurones ni cognition?) de s'affranchir
de l'intolérable esclavage de leurs neurones et de leur cognition?
Mis en ligne le 9 août 2004, sous l'intitulé Récidive annoncée mais ignorée en réaction à l'article |
paru le 31 juillet 2004 dans la Dernière Heure |
"Il s'exhibe en pleine rue devant une petite fille" par Sarah Rasujew |
35. "Les psychiatres ont qualifié le prévenu de psychotique responsable".
Dans un fait divers paru dans la Dernière Heure et intitulé
"Il s'exhibe en pleine rue devant une petite fille", on pouvait
prendre connaissance de la condamnation prononcée à Liège
(rapportée par la journaliste Sarah Rasujew, tribunal et date non précisés)
à l'endroit d'un prévenu de 46 ans d'origine polonaise. Cet
homme, accoutré en travesti, s'était octroyé, le 12 novembre
2003, une petite satisfaction masturbatoire sur la voie publique (à
Liège) et, depuis, avait aussi (le 25 juin de cette année 2004),
soulagé sa vessie au milieu du trafic automobile (la journaliste ne
nous dit pas comment cette personne a meublé ses loisirs dans l'intervalle
entre ces deux dates).
Le prévenu, que les psychiatres auraient qualifié de "psychotique
responsable" (sic) a écopé de huit mois de prison et de
500 euros d'amende. Il a pris la chose avec le sourire et aurait annoncé
qu'il recommencerait. "D'ailleurs, aurait-il déclaré,
Sylvie Vartan se trouve chez moi et elle peut jouer avec mon sexe quand je
veux!".
Dans le contexte de l'actualité criminelle et judiciaire franco-belge
que nul ne peut ignorer, quand, de plus, on sait la qualité et l'efficacité
des thérapeutiques psychiatriques en milieu carcéral, nos experts
et nos juges prennent sans aucun doute des décisions pleines d'une
sagesse fort responsable...
Mis en ligne le 4 octobre 2004 sous l'intitulé Les donneurs de bémols connaissent-ils la musique? en réaction à l'article |
paru dans le n°1616, pp. 44-45 du mardi 21 septembre 2004 "Le Journal du Médecin" |
"Un bémol pour Van Rillaer" par le Dr Maurice Einhorn |
36. "... Comparer en effet psychanalyse et homéopathie, c'est mettre sur le même plan les extraordinaires élaborations théoriques de Freud et de Lacan, d'une part, et les écrits obscurantistes de Hahneman, d'autre part. C'est comparer un penseur monumental à un homme qui a in fine eu pour vocation de freiner la modernité qui s'annonçait en médecine comme dans d'autres domaines. Et ce n'est pas Freud qui sort diminué de ce bras-de-fer (sic) dans lequel Jacques Van Rillaer s'est lancé dès le début de sa carrière."
Extrait de "Un bémol pour Van Rillaer" (Dr Maurice Einhorn), encart "d'opinion" (empreint d'une courtoisie et d'une "objectivité" qu'on appréciera) inséré par le rédacteur en chef du périodique médical belge "Le journal du médecin" dans une interview du professeur Van Rillaer. Ceci afin, selon le Dr Einhorn, d'éviter une "quelconque pensée unique" (sic). Ne pourrait-on être tenté de dire plutôt: pour, "d'autorité rédactionnelle discrétionnaire", réaffirmer les convictions personnelles du rédacteur en chef et exprimer sa mauvaise humeur et son animosité envers l'interviewé. Le contenu des propos, pourtant fort mesurés du professeur Jacques Van Rillaer à l'occasion de la parution chez Odile Jacob de son livre "Psychologie de la vie quotidienne" - justifiait-il les aigreurs, les inexactitudes tendancieuses et les attaques ad hominem envers un invité dans les colonnes du périodique? Aux lecteurs d'en juger et d'apprécier l'élégance du procédé.
Quoique le Dr Einhorn semble l'ignorer, les "extraordinaires élaborations théoriques de Freud et de Lacan " et les "écrits obscurantistes de Hahneman " procèdent d'un "mode de pensée" en effet très comparable chez Freud et chez Hahneman, et sont le produit d'une mentalité magique et prélogique que ces deux hommes partageaient, quoiqu'à cent ans d'intervalle. Et cette mentalité, selon toutes apparences encore fort répandue de nos jours (même chez certains porteurs d'un diplôme de médecin), Lacan l'exploitera plus tard pour son propre compte chez ses admirateurs et à leurs dépens, ce qu'il masquera en recourant à une logomachie hermétique, aussi exubérante que creuse, absurde voire ridicule, témoignant ainsi du peu de cas qu'il faisait des capacités intellectuelles de ses contemporains et du médiocre respect qu'il avait de leur humanité.
Friedrich Hahneman et Sigmund Freud étaient tous deux de leur temps et, chacun, ils exprimaient les idées qui avaient cours à leurs époques respectives: Friedrich Hahneman était médecin mais aussi apothicaire et proche encore des alchimistes, il "pensait" à leur manière. Sigmund Freud, viennois né un siècle et un an plus tard que Hahneman, baignait dans un climat et un milieu où les sociétés plus ou moins secrètes, l'ésotérisme et toutes sortes de mythologies fumeuses jouissaient d'une certaine faveur, d'un prestige "littéraire" et flattaient un certain "romantisme". A lui de mettre ces circonstances à profit pour exploiter la crédulité et le snobisme des gens friqués de son temps.
Freud lui-même s'est défendu d'être un penseur et un scientifique; il se voulait plutôt "conquistador" (voyez sa lettre du 1er février 1900 à son ami Wilhelm Fliess, médecin berlinois pour le moins "allumé"), c'est-à-dire qu'il voulait être une sorte de premier découvreur de terres inconnues dont il détiendrait désormais le monopole, tout à la fois de la découverte, de la connaissance et de la domination sans partage, sans oublier qu'il comptait bien, en sus, y conquérir une renommée universelle. Il ne semble pas avoir reculé devant aucun des moyens (rarement excusables pour un médecin, jamais admissibles pour un scientifique), techniques d'enrôlement de recrues et de "relations publiques", à mettre en oeuvre pour parvenir à ses fins et pour persuader de ses succès thérapeutiques imaginaires un nombre aussi grand que possible de jobards (je renvoie au livre récent de Jacques Bénesteau - voir la rubrique LIVRES - qui permet aux francophones, enfin! de se documenter sur le sujet sans être désinformés par l'hagiographie et la mythologie). Et si, d'une certaine façon, on peut admettre que l'homme fut monumental, ce n'est pas par le contenu de sa "pensée". C'est par sa mythomanie et l'acharnement, l'obstination avec lesquels il mit sa plume d'une extraordinaire prolificité au service de sa mégalomanie tout aussi peu commune.
De nos jours, tant les "raisonnements" prélogiques et obsolètes
de Friedrich Hahneman, que les constructions mythomaniaques de Sigmund Freud
ne devraient plus constituer que des notes de bas de page intéressant
surtout l'historien de la médecine. Nombreux sont nos contemporains
qui pourtant continuent de partager avec Hahneman et Freud leur mentalité
prélogique. Les "professionnels" parmi ceux-là ont
alors, en effet, tout intérêt à faire de ces deux hommes
des idoles de qui se réclamer, des idoles qu'on sait (veut croire)
irréfutables, qu'on peut évoquer et invoquer à tout propos,
références éternelles et bien commodes pour se dispenser
de s'instruire réellement de ce qu'on sait et de ce qu'on pourrait
apprendre, pour se contenter de croire à ce qu'il plaît d'imaginer.
Mais n'est-ce pas là précisément, ce que certains, dont
le Dr Einhorn lui-même, appellent "freiner la modernité"
et que je nommerais, moi, l'obscurantisme délibéré faisant
fi du libre examen, faisant obstacle au progrès de nos connaissances?
Mis en ligne le 13 juin 2005 sous l'intitulé Laissons se débrouiller (c'est plus facile pour nous) ceux qui ne peuvent y parvenir d'eux-mêmes en réaction à l'article |
paru dans Le
Courrier du 27 mai 2005 (Suisse) |
"Il faut restituer le pouvoir aux patients psychiatriques" propos recueillis par Christophe Koessler |
37. "Notre manière de concevoir le cheminement des personnes souffrantes fait partie d'un mouvement international de remise en question des pratiques courantes en matière de santé mentale. Il s'agit d'un changement d'attitude général (sic) restituant le pouvoir aux patients pour qu'ils retrouvent le contrôle de leur vie, à l'opposé d'une démarche plus 'paternaliste'. Nous remettons en cause le modèle fondé sur un traitement qui se base principalement sur la médication et la stabilisation de la maladie. Pour nous, c'est au patient que revient le rôle principal, pour améliorer ses conditions de vie........", etc., etc.
Nous sommes face à une traduction littérale du slogan lancé il y a quelques années par les "grandes" associations dans les pays anglophones, pronant "the empowerment" (l'appropriation du pouvoir) par les malades mentaux psychotiques. Tous ceux qui, à des titres divers, s'intéressent au sort des malades mentaux chroniques, ne peuvent que s'étonner de ce complet revirement d'attitude: "the empowerment" d'aujourd'hui (en Suisse) prend le contre-pied de l' "assertive outreach" (aller vers les malades, la démarche "paternaliste") d'hier dont on soulignait, il y a peu encore, les bienfaits outre-Atlantique et que nos pays d'Europe continentale n'ont même pas eu le temps de mettre en place, même si certains, chez nous et avec quelque envie, en ont vanté les mérites. L'Association Suisse de Psychiatrie Sociale ne semble pas s'interroger sur les moyens à mettre en oeuvre pour rendre les malades psychotiques chroniques capables d'user de ce pouvoir après qu'elle le leur aurait "restitué".