Revendication 4 - CONTROLE DES BONNES PRATIQUES EN PSYCHIATRIE

Les parents et familles de malades mentaux (les associations qui les regroupent) réclament la constitution d'un organisme officiel de contrôle et d'évaluation des institutions psychiatriques et établissements relevant de la santé mentale, dans lequel leurs représentants siégeraient à titre consultatif.

Cet organisme devrait comprendre au moins:

> des représentants des ministères fédéral et régional ayant la "Santé Mentale" dans leurs attributions;

> des médecins psychiatres indépendants des institutions et établissements à inspecter et contrôler;

> des représentants du personnel soignant psychiatrique, indépendants des institutions et établissements à inspecter et contrôler;

> Un représentant du Conseil National de l'Ordre des Médecins;

> des représentants des associations de parents et familles de malades mentaux.

(Une fois admis le principe de pareille "Commission de contrôle", les instances chargées de la désignation, ainsi que le mode de désignation de ses membres restent à définir.)

La mission de cette "Commission de contrôle" serait de veiller à ce que, selon le code de déontologie médicale, les meilleurs soins soient assurés aux malades [mentaux], conformément aux progrès de la science médicale. La Commission ferait périodiquement rapport de ses observations aux Conseils de l'Ordre des Médecins et aux ministres ayant la "Santé publique" et les "Affaires sociales" dans leurs compétences. (La fréquence de ces rapports reste à définir.)

(Le mode de fonctionnement de cette "Commission de contrôle" reste également à préciser.)

Justification d'une "Commission de Contrôle pour la Psychiatrie"

Dans les hôpitaux généraux comportant des services et départements où sont pratiquées différentes "spécialités" de la médecine dite "somatique", (médecine interne, chirurgies diverses, obstétrique, gynécologie, et diverses autres spécialités plus ou moins nombreuses), il existe un Conseil Médical qui se charge de la surveillance et du contrôle des bonnes pratiques et dispensations des soins dans tous les services et départements.

Les membres de ce Conseil Médical font partie du personnel médical de l'hôpital. Ils assurent donc un "contrôle interne de qualité". Ceci pourrait paraître prêter le flanc à la critique: puisque les contrôlés se contrôlent eux-mêmes, certains pourraient les suspecter d'insensiblement se laisser aller à l'autosatisfaction, la complaisance et une indulgence excessives pour leurs collègues, alors même que des manquements éventuels seraient peut-être constatés dans les pratiques de certains confrères ou dans certains services.

Pareille éventualité est imaginable en théorie, mais elle ne se réalise pour ainsi dire jamais dans la pratique. En médecine "somatique" en effet, les mauvaises pratiques, qu'elles résultent d'erreurs, de négligences, voire d'incompétence de la part des dispensateurs de soins, sont très rapidement suivies de conséquences néfastes très concrètes pour les patients. Ces conséquences sont assez faciles à détecter et à évaluer de manière objective. Elles sont donc rares, car très généralement on peut les prévenir, on peut les corriger à temps quand exceptionnellement elles surviennent malgré tout, et leurs auteurs sont aisément reconnus et sanctionnés. Autrement dit, le "contrôle interne de qualité" fonctionne de manière satisfaisante.

La psychiatrie est une discipline qui se prête assez mal à pareil "contrôle interne de qualité". Elle comporte une très grande part de subjectivité. De plus, elle se base sur des théories souvent multiples, souvent contradictoires, souvent éphémères parce que difficiles à vérifier ou même rapidement controuvées. Les diagnostics, traitements et soins étant basés sur ces théories, leur évaluation et l'appréciation objective de leurs effets sont, elles aussi, très difficiles, de longue haleine, et toujours fortement teintées de subjectivité involontaire.

Dans de nombreux pays, des "conférences de consensus" ont été organisées pour définir les critères de qualité minimum des soins psychiatriques à dispenser aux malades mentaux. De pareilles réunions ont aussi eu lieu en Belgique. L'une d'elle s'est tenue récemment à Bruxelles et a reçu la visite de Mme le Ministre Magda de Galan. Il devrait désormais être possible de baser un "contrôle externe de qualité" sur les critères définis par les experts internationaux au cours de ces "conférences de consensus".

On oublie généralement aussi une notion à ce point évidente qu'elle ne devrait pas être toujours répétée: l'évaluation correcte de l'état d'un malade mental ne peut être obtenue que très approximativement, et alors seulement par ceux-là mêmes qui ont toujours vécu avec lui. Eux seuls, bien mieux que le psychiatre, peuvent reconnaître tous les changements que la maladie a infligés à leur proche et en mesurer l'étendue exacte. Les proches parents savent en général très bien distinguer quels sont les soins bénéfiques, quels sont les traitements adéquats ou, au contraire inutiles ou même néfastes. Ils sont donc tout à fait capables de juger de la qualité effective des soins prodigués à leur proche, du moins quand le personnel psychiatrique leur en laisse la possibilité.

Il est par conséquent logique qu'ils soient représentés dans les "Commissions de Contrôle Psychiatrique" dont ils réclament la création, car leur motivation est incontestable et ne peut que constituer une sauvegarde contre l'indolence et l'indifférence dans lesquelles risque toujours de glisser la psychiatrie, comme d'ailleurs toute autre institution ou organisation entièrement laissée à elle-même.


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