Revendication 6 - STATUT DE SOIGNANTS AUX FAMILLES

Les familles de malades mentaux chroniques rappellent qu'elles constituent le seul repère fiable et le seul "port d'attache" stable, le principal soutien pour leurs malades. Généralement, leurs membres sont, de facto, institués "soignants psychiatriques" permanents. Cette qualité doit leur être reconnue officiellement, les conséquences financières et sociales qui découlent de cette situation doivent aussi être prises en compte.

Dans les points de revendication précédents, on a rappelé la tendance des "professionnels de la psychiatrie" à écourter le plus possible les hospitalisations psychiatriques des malades mentaux, et les directives de la "santé mentale" qui accentuent cette tendance en réduisant de manière inconsidérée les temps d'hospitalisation indispensables à:

> l'établissement d'un diagnostic, qui est lui-même le préalable nécessaire au choix d'un traitement;

> l'adaptation du traitement au cas particulier de chaque malade.

L'inadéquation et le nombre insuffisant des structures d'accueil, le caractère aléatoire des diagnostics posés et des traitements entrepris ont pour conséquences les plus fréquentes le retour, l'hébergement plus ou moins long, et la dispensation des "soins psychiatriques" des psychotiques chroniques dans leur famille (quand elle existe encore), entre deux séjours d'urgence dans l'une ou l'autre institution psychiatrique hospitalière.

(Les conséquences de cet état de fait doivent être reconnues: voir ci-dessous)

"Où peut-on être mieux qu'au sein de sa famille?"
"Lucile", Grétry - Marmontel

Les familles, c'est à dire les parents et proches, sont, de fait, "soignants quotidiens à domicile". Ils ne sont pourtant pas des professionnels des "soins psychiatriques".

Ils (elles) doivent donc pouvoir bénéficier d'une formation spécifique les rendant aptes à cette mission.

Quand elles sont confiées à des professionnels, on admet que pareilles missions d'encadrement, d'accompagnement et de soins à des malades mentaux psychotiques chroniques constituent une occupation à temps plein (c.à.d. 40h/semaine)

Conséquence de tout cela:

Si ce sont des membres de la famille qui doivent assumer la tâche de "soignants", eux, ils le font à raison de 7 x 24h semaine, en plus des tâches domestiques, ce qu'on semble souvent oublier. Il paraît donc évident que beaucoup d'entre eux devront renoncer à exercer, "à temps normal", leurs occupations et obligations professionnelles normalement prévues. Ceci signifie perte automatique de salaire, traitements, et autres manques à gagner. Cela signifie parfois aussi la perte de l'emploi qui, de nos jours, peut s'avérer définitive.

La situation des soignants permanents à domicile d'un malade requérant un encadrement vigilant de tous les instants entraîne donc des conséquences économiques (financières) et sociales (mise à l'écart des circuits normaux du travail) qui doivent être officiellement reconnues et au moins partiellement compensées.

Les associations de familles de malades mentaux, par leur longue expérience "de terrain" sont particulièrement motivées et compétentes pour participer à la formation des parents, pour les aider à gérer l'accompagnement et la très délicate relation avec leurs malades, en partenariat étroit avec les professionnels de la psychiatrie. Cette compétence devrait leur être reconnue officiellement et soutenue financièrement, ce qui leur donnerait les moyens nécessaires à l'organisation et la mise en place des formations aux parents de malades.


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