DU POSITIF
Quelques gouttes d'espoir dans l'océan de la morosité...
"Experience has shown that the mechanistic question leads to scientific knowledge, while the teleological question does not."
Bertrand Russell: History of Western Philosophy
p. 73. Routledge 2004-2005 (1946), London.
ISBN 0-415-32505-6
(L'expérience a montré que répondre à la question mécaniste conduit à la connaissance scientifique, tandis que poser la question finaliste n'y conduit pas.)
Parmi les surfeurs du Net qui ont feuilleté les pages-écran du présent site, ou qui même auraient pris la peine de télécharger ("descendre") certains des fichiers au format PDF qui y sont disponibles, sans doute nombreux sont ceux qui pourraient n'en avoir retiré qu'un sentiment général de lassitude et de découragement. Il faut bien reconnaître que les sujets traités n'incitent guère à la joie.
Mais la "philosophie" qu'on a choisi de suivre sur ce site est d'y exposer, sur les maladies mentales chroniques et leurs traitements, sur les conditions de vie de leurs victimes, la vérité telle qu'elle est, telle que les scientifiques actuellement la connaissent, et aussi telle que la vivent les malades et leurs proches. Cette réalité-là est, le plus souvent, difficile à admettre. C'est pourquoi, ailleurs, pour la rendre plus "acceptable", on la travestit et on l'enjolive presque toujours. Mais, la rendre plus acceptable, n'est-ce pas s'y résigner plutôt que tenter de la changer pour l'améliorer? L'enjoliver sous prétexte de l'adoucir, n'est-ce pas vouloir se bercer d'illusions, au risque de désillusions plus amères encore?
Ici, on croit au contraire qu'il faut se battre: contre
les affections mentales et, en attendant d'avoir pour cela les armes décisives
qui manquent encore aujourd'hui, il faut se battre aussi pour
l'aménagement et l'amélioration des conditions de vie des malades
mentaux. Il faut encourager activement la recherche biologique sur le développement,
l'architecture et le fonctionnement de notre cerveau; pour améliorer
l'avenir des malades mentaux, il faut utiliser les progrès de nos connaissances
biologiques, mais aussi les progrès technologiques que nous avons déjà.
Pour combattre efficacement un ennemi et espérer le vaincre un jour,
il faut, non seulement bien connaître les forces et les faiblesses de
cet ennemi, mais aussi connaître ses propres forces et ses propres lacunes.
Aucun moyen contribuant à cet effort de connaissance ne peut être
négligé.
Exemple parmi d'autres de ressources inexploitées dans notre pays,
l'imagerie médicale assistée par ordinateur, pourtant déjà
disponible en Belgique, est porteuse d'immenses promesses pour améliorer
la compréhension des affections mentales. Pourquoi nos chercheurs ne
l'explorent-ils pas en collaboration avec les psychiatres? Est-ce donc
à ce point trop cher en comparaison du prix payé, tant pour
les "traitements", les "soins", les "mesures sociales",
ou en comparaison du prix inappréciable des souffrances qui continuent
de s'accumuler?
Bien sûr, les résultats de la recherche sont rarement immédiats
mais, si la recherche ne se fait pas, on aura beau les attendre jusqu'à
la fin des temps...
A l'échelle planétaire, la recherche se poursuit dans de nombreux pays. Sur cette page, dès qu'on en aura connaissance, on s'efforcera d'attirer l'attention sur les avancées qui paraissent prometteuses.
1.
C'est ainsi qu'une percée récente semble
avoir été réalisée en ce qui concerne le traitement
de la dépression majeure (dépression
unipolaire) et l'atténuation des épisodes
dépressifs des troubles bipolaires.
Les chercheurs de psychiatrie biologique
ont montré qu'on peut sensiblement diminuer la fréquence des
épisodes dépressifs des troubles bipolaires, mais aussi atténuer
très significativement les manifestations de la dépression majeure
(unipolaire) par des stimulations électriques du nerf vague (la dixième
paire de nerfs crâniens, ou nerf X, parfois encore appelé de
l'ancien nom de nerf pneumogastrique).
Qu'on se rassure tout de suite! Les stimulations électriques dont il
est question délivrent au nerf X des impulsions dont l'intensité
et la fréquence sont tout à fait comparables à ce qui
peut naturellement circuler dans un prolongement de cellule nerveuse. Il ne
s'agit donc aucunement d'une sorte d' "électrocution" ou
d'une version améliorée de ces "électrochocs"
dont la sinistre réputation est encore toujours vivace dans la mémoire
de certains.
La technique actuellement utilisée consiste à implanter une
sorte de "pacemaker" sous la peau du thorax. Il en part des fils
conducteurs qui, par un trajet sous-cutané, rejoignent le nerf vague
dans le cou. (L'intervention chirurgicale et l'implant sont chers et ne
sont pas encore remboursés par la sécurité sociale en
ce qui concerne les malades dépressifs. Un remboursement est prévu
depuis peu pour ce même traitement s'il s'adresse à des patients
souffrant d'épilepsie: v. ZARgezondheid4jaar
. Espérons que l'intervention INAMI s'étendra bientôt
aux patients dépressifs pouvant bénéficier de ce traitement.)
Les effets favorables sont beaucoup mieux ciblés que ceux obtenus par
la prise de médicaments antidépresseurs. Ces derniers, en effet,
agissent sans distinction sur l'ensemble des structures cérébrales,
c'est-à-dire également là où cela n'est pas indiqué
(d'où des effets secondaires indésirables). La stimulation du
nerf X, par contre, parvient à un groupe localisé de cellules
nerveuses de la moëlle allongée (le "noyau du faisceau
solitaire" des neuroanatomistes). Ainsi stimulés, les neurones
de ce noyau vont à leur tour envoyer des influx à d'autres noyaux
voisins (dont le "locus coeruleus") dont les médiateurs
synaptiques sont la noradrénaline et la sérotonine. Ce sont
ces médiateurs-là dont dépend l'activité plus
ou moins grande dans les circuits cérébraux plus "haut"
situés qui influencent nos "états d'humeur" (et avec
lesquels les médicaments antidépresseurs interfèrent,
mais cette fois globalement, sans distinction de leur origine).
Il y aura sans doute encore des améliorations techniques à apporter
à cette thérapeutique, mais on peut d'ores et déjà
dire qu'on a trouvé une bonne piste.
(Pour plus de renseignements sur cette innovation, voir http://www.biopsychiatry.com/vagus/index.html
)
2.
Signalons aussi un développement technologique intéressant survenu
en Angleterre (annoncé en janvier 2002). Des
chercheurs de l'Institut de Psychologie (dépendant du King's College
de Londres), sous la direction du physicien Derek Jones, ont mis au point une
modification de la programmation informatique des appareils de IRM (Imagerie
de Résonance Magnétique). Cette modification (appelée
"VIVID") permet d'observer, sur le vivant et de manière non
invasive, les trajets nerveux myélinisés (la "substance blanche")
reliant, dans le cerveau, différents territoires cérébraux
entre eux. Jusqu'à présent, ces faisceaux ne pouvaient pas être
mis en évidence par les techniques d'imagerie in vivo disponibles.
On sait qu'une des hypothèses les plus plausibles expliquant certaines
des manifestations de la schizophrénie est que, au cours du développement
cérébral, certains territoires cérébraux ne se relient
pas les uns aux autres de manière correcte, ce qui les empêcherait
par conséquent d'évoluer normalement et de collaborer efficacement
entre eux par la suite.
Les chercheurs anglais sont actuellement en train de comparer
ces connexions chez des volontaires en bonne santé et chez des malades,
notamment chez des malades atteints de schizophrénie. Bien
qu'il soit beaucoup trop tôt encore pour espérer retirer de ces
travaux des thérapeutiques nouvelles et décisives, ces recherches
pourraient permettre néanmoins, assez rapidement, d'aider à mieux
choisir à l'avance, pour chaque malade, la médication qui devrait
s'avérer la plus favorable pour son cas particulier (ce qui n'est pas
possible encore aujourd'hui).
Nous regrettons, à nouveau, de devoir constater qu'en Belgique, les
techniques d'imagerie cérébrale sont, à la fois considérées
comme trop chères par les pouvoirs publics, et décriées
comme étant une "technicisation" excessive par certains de
nos "professionnels psy" de la "santé mentale".
Se prenant pour des poètes, préférant encore, à
l'ère des traitements de texte sur PC, taquiner leur muse avec une
anachronique (mais combien snob!) plume d'oie, nos psys ne semblent
donc pas pressés de s'y intéresser vraiment. Espérons
que l'exemple des Anglais leur change un jour les idées (ou leur
en donne)...
Une fois de plus, le progrès viendra sans doute de différents côtés (mais pas de la psychiatrie elle-même, du moins telle qu'elle est pratiquée ajourd'hui dans notre pays!) Les exemples les plus frappants de progrès seront probablement donnés d'abord par les neurologues et les neurochirurgiens se basant sur les données apportées par les neurophysiologistes et les neuroanatomistes. Les psychiatres seront alors bien forcés de suivre le mouvement, à moins de devoir "passer la main". Les progrès annoncés sont déjà en marche. Ils résultent, entre autres, de très nombreuses études (des milliers de cas!) réalisées sur des patients atteints de maladie de Parkinson, p.ex., et aussi des avancées techniques (imagerie cérébrale, etc.). Ils font partie de ce que certains appellent déjà la "psychochirurgie", dénomination qui, chez les personnes mal informées, risque de faire resurgir d'anciens mauvais souvenirs et de provoquer des polémiques passionnées.
En effet, les interventions de neurochirurgie (leucotomies, lobotomies) pour
des indications psychiatriques furent pratiquées dans les années
1940 et 1950. Premièrement, les connaissances neuroanatomiques et neurophysiologiques
de l'époque étaient bien plus lacunaires que celles dont nous
disposons aujourd'hui. Très aléatoire, la décision d'intervenir
chirurgicalement pour telle ou telle "indication psychiatrique" correspondait
souvent plus à une sorte de loterie qu'à une décision basée
sur des connaissances neuroanatomiques assez solides et assez précises.
Deuxièmement, les interventions neurochirurgicales pratiquées
alors étaient, nécessairement toujours et uniquement destructrices,
ce qui veut dire que leurs conséquences, favorables et non favorables,
étaient irréversibles. D'autre part, la précision avec
laquelle on parvenait à localiser et à délimiter l'étendue
des lésions chirurgicales (par stéréotaxie) était
fort grossière en comparaison de ce que nos capacités techniques
actuelles nous permettent déjà (et qui ne cessent de s'affiner
encore).
Aujourd'hui, il est devenu possible de stimuler le cortex cérébral
au moyen de courants induits par des champs magnétiques variables extérieurs
à la boîte crânienne, sans qu'il soit nécessaire
d'implanter des électrodes (stimulation magnétique transcranienne
ou SMT). La SMT a déjà été utilisée avec
succès pour le traitement de la dépression, qu'elle soit unipolaire
ou bipolaire. Par rapport à la sismothérapie (électro-convulso-thérapie
ou ECT, "électrochocs"), la SMT présente de très
grands avantages: elle ne nécessite pas de narcose ni d'anesthésie,
le patient reste conscient et participe au traitement. Celui-ci n'entraîne
pas de troubles cognitifs (pas d'amnésie rétrograde, par exemple).
Des aménagements et améliorations techniques peuvent être
prédits pour un avenir peut-être proche: 1) l'amélioration
du pouvoir de résolution des techniques d'imagerie (leur précision),
ce qui permettra de visualiser et de cibler de mieux en mieux la (/les) structure(s)
à stimuler; 2) l'amélioration de la précision - et donc
de la sélectivité - des sondes de stimulation, 3) la stimulation
de territoires cérébraux ("afférents" de
la cible à influencer) contenant des neurones inhibiteurs, ce qui
rendra inutile le recours à des interventions destructrices irréversibles.
A l'heure actuelle, ce sont les TOC (troubles obsessionnels compulsifs) qui
semblent devoir être les premiers pour lesquels cette "psychochirurgie
de seconde génération" serait entreprise. Certaines
dépressions rebelles aux traitements actuels devraient logiquement être
les suivantes sur la liste.
3.
Depuis quelques années, les chercheurs (dans d'autres pays que le nôtre)
s'efforcent d'établir des corrélations entre, d'une part les déficits
cognitifs, les anomalies cérébrales structurales et fonctionnelles,
et d'autre part des "catégories" distinctes de schizophrénies
qui correspondraient à une classification basée sur des critères
plus solides que ceux actuellement utilisés, qui sont intuitifs, arbitraires
et donc discutables. Il semble bien qu'ils y arrivent: en détectant l'absence
ou la présence de certains déficits de diverses modalités
de mémoire (par des tests neuropsychologiques) qu'ils peuvent
corréler avec des anomalies anatomiques cérébrales (visualisées
par imagerie TEP et
IRM). Il est désormais possible de distinguer
des schizophrénies où les atteintes pathologiques des cortex cérébraux
temporaux prédominent, et des schizophrénies où ce sont
surtout le cortex frontal et le striatum qui seraient touchés. Ceci conforte
l'hypothèse controversée de l'hétérogénéité
du syndrome schizophrénique et devrait permettre, à l'avenir,
entre autres de mieux adapter la médication en fonction des territoires
cérébraux atteints par l'affection, c'est-à dire en fonction
du "type" clinique de schizophrénie à soigner.
(Turetsky, B.I., et al., Neuropsychol. 16,
481-490, 2002)
4.
La stimulation magnétique transcranienne (SMT) du cortex temporo-pariétal
gauche a récemment été mise en oeuvre dans des cas de schizophrénie
(et de "psychose schizo-affective") dont les manifestations d'hallucinations
auditives s'étaient montrées résistantes aux traitements
par neuroleptiques. Les résultats encore préliminaires de ces
essais montrent une rémission - ou au moins une atténuation significative
en fréquence et en intensité - des hallucinations auditives, se
prolongeant pendant au moins 15 semaines chez la moitié des patients
traités. Aucun effet neuropsychologique secondaire défavorable
n'a été signalé. Ces recherches se poursuivent et représentent
une future possiblité additionnelle de traitement.
(Hoffman, R.E., et al., Arch Gen Psychiatry. 60,
49-56, 2003)
5.
Depuis longtemps déjà, on avait remarqué que "la"
schizophrénie se déclare en moyenne de 5 à 10 ans plus
tard chez les femmes que chez les hommes, ce qui pouvait laisser supposer que
les hormones sexuelles femelles (les oestrogènes)
pourraient exercer "une influence protectrice" sur le cerveau féminin
contre cette affection. Des équipes internationales de chercheurs (Australie,
U.S.A., Ecosse) suivent actuellement cette piste. Ils ont observé que
chez les femmes atteintes de schizophrénie, l'intensité des signes
et symptômes peut subir des fluctuations en phase avec le cycle hormonal
et menstruel, en accord avec l'hypothèse de départ. Des études
préliminaires semblent montrer une potentiation des effets favorables
de la médication neuroleptique par l'adjonction (sous forme de patch
cutané) de faibles doses d'oestradiol (inférieures à celles
qu'on trouve dans les pilules contraceptives).
Des essais préliminaires ont aussi été pratiqués
pendant deux semaines chez plus d'une trentaine de volontaires de sexe masculin.
Chez eux aussi, des effets favorables ont été rapportés,
dont on a dit qu'ils étaient très nets. Dans le sexe mâle,
l'administration prolongée d'oestrogènes ne peut évidemment
être envisagée telle quelle. Si ces premiers résultats encourageants
se confirment, il faudra mettre au point des molécules
dérivées des oestrogènes, interférant
avec les récepteurs neuronaux pour ces hormones, mais qui soient dépourvues
d'effets en dehors du cerveau (dépourvues d'effets "féminisants"
généraux).
Les mécanismes par lesquels ces effets favorables sont produits ne sont
pas encore élucidés; il faudra quelque temps pour établir
quels sont les circuits cérébraux (surtout hypothalamiques) impliqués,
mais on sait, déjà maintenant, où regarder plus précisément
(par imagerie du cerveau - RMN).
(Kulkarni, J., & al., Arch. Women Ment. Health 5(3),
99-104, 2002)
Les conclusions de cette publication ont depuis lors été
mises en doute: à cause des nombres trop faibles de patientes traitées
dans différentes études passées en revue, et à cause
de méthodologies hétérogènes. Pour pouvoir conclure
(dans un sens comme dans l'autre), il faudra attendre de disposer de cohortes
de patientes plus importantes et de traitements plus comparables entre eux.
(W.L. Chua & al., The Cochrane Database of Systematic Reviews 2005, 4,
Art No:CD004719. DOI:101002/14651858. CD004719pub2. )
6.
Dans la même ligne que le point précédent, partant du constat
des effets "psychologiques" de la DHEA (la déhydroépiandrostérone,
un métabolite physiologique des stéroïdes sexuels, un moment
préconisé comme traitement de confort "anti-âge"
par le professeur français Beaulieu), des chercheurs israéliens
ont administré ce stéroïde pendant 6 semaines à des
patients schizophrènes des deux sexes, en plus de leur traitement neuroleptique
habituel. Sans influence décelable sur les signes "positifs"
de l'affection, la DHEA a pourtant exercé un effet favorable sur les
signes et symptômes négatifs (qui, jusqu'à présent
et quoi qu'en disent les firmes pharmaceutiques, ne sont que fort peu améliorés
par les neuroleptiques). Les effets bénéfiques significatifs
sur les signes négatifs, l'anxiété et la dépression
étaient plus marqués chez les femmes que chez les hommes. Ces
résultats préliminaires (30 patients seulement jusqu'à
présent) demandent évidemment à être confirmés
chez un nombre plus élevé de patients.
(Strous, R.D., & al., Arch. Gen. Psychiatry 60(2),
133-141, 2003)
7.
On s'obstine généralement à oublier que le cerveau est
une machine extraordinaire composée de quelque cent milliards de neurones
conversant les uns avec les autres de manière coordonnée après
avoir établi entre eux, (au cours du développement foetal
puis dans l'enfance et jusqu'à l'âge adulte), d'innombrables
réseaux de communication.
Comprendre comment les anomalies des fonctions mentales et du comportement prennent
naissance, cela suppose de déchiffrer ce labyrinthe d'une immensité
et d'une complexité uniques (sans commune mesure avec quelque autre
objet à quoi l'homme se soit jamais attaqué). Cela suppose
aussi de connaître les étapes successives du développement
et de la mise en place de cette immense toile d'araignée jamais en repos
qu'est notre cerveau.
Il ne suffit pas d'observer que, chez les malades mentaux, la fonction d'un
médiateur synaptique (p.ex. la dopamine) semble altérée
dans certains territoires cérébraux. Il faut aussi se rendre compte
que toute altération constatée dans une des mailles de l'immense
réseau neuronal, non seulement influence - et altère - la structure
et le fonctionnement d'autres mailles (en aval ou plus tardives), mais qu'elle
est peut-être elle-même la conséquence d'altérations
d'autres mailles (en "amont" ou plus anciennes). Il n'y a donc pas
d'altération qui se limiterait à un seul médiateur synaptique
et qui "expliquerait" toutes les manifestations d'une affection mentale
chronique: toute altération neuronale retentit nécessairement
sur un nombre indéterminé d'autres neurones et de leurs circuits,
elle modifie aussi les actions d'autres médiateurs synaptiques, et ceux-ci,
à leur tour, provoquent d'autres altérations, etc., etc.
En résumé fort simpliste, pour pouvoir soigner efficacement, il
faut comprendre "la machine". Il faut "débrouiller"
les innombrables cascades de causes et de conséquences qui conduisent
à la formation d'un cerveau qui "fonctionne bien", et il faut
reconstituer les enchaînements défectueux qui ont pour conséquence
l'apparition des "maladies" mentales, c'est-à-dire la formation
d'un cerveau qui "ne fonctionne pas bien".
Cette tâche fondamentale, on conçoit qu'elle ne puisse être
que titanesque et de longue haleine, et qu'elle nécessite la collaboration
de nombreuses équipes de chercheurs, tant "fondamentaux" que
"cliniciens", de disciplines fort diverses: psychiatres, psychologues,
neurologues, biologistes, généticiens, statisticiens, biochimistes,
cytologistes, etc., etc.
On peut donc se féliciter de l'existence du Conte
Center for the Neuroscience of Mental Disorders, réunissant
de nombreux chercheurs de plusieurs universités des U.S.A., qui se sont
attelés à cette tâche monumentale, essentielle et indispensable,
constituée actuellement de sept programmes différents mais complémentaires
(université
de Pittsburgh).
Evidemment, personne aujourd'hui ne peut dire quand des conséquences
pratiques de ces recherches deviendront disponibles pour les malades. Cependant,
nous pouvons être optimistes: les résultats de la recherche étant
cumulatifs, celle-ci ne peut aller qu'en s'accélérant.
8.
Tout récemment, une équipe de chercheurs (U.S., Canada, Taiwan)
a montré qu'on peut, avec une grande fiabilité (95-97%), à
partir d'un simple prélèvement sanguin, identifier les malades
atteints de schizophrénie, ceux souffrant de troubles bipolaires, les
distinguer les uns des autres et des personnes indemnes (les "témoins")
grâce à l'examen de l'ARN de leurs cellules sanguines ("microarray
analysis" [génomique]).
Ceci pourrait constituer une première percée décisive dans
le domaine du diagnostic biologique et objectif de ces affections en nous donnant
enfin quelques uns de ces "marqueurs biologiques" dont, depuis si
longtemps, les uns insinuent qu'ils n'existeraient pas, pour tenter de ridiculiser
les efforts des autres pour les trouver.
(Ming T. Tsuang & al., Am. J. Med. Genetics, 133B,
1., 1-5, 2005.)
9. Les "adjuvants" aux traitements neuroleptiques et "psychotropes".
- Depuis longtemps (sans doute depuis toujours), on a voulu attribuer
l'apparition de la schizophrénie aux causes les plus diverses (des
plus plausibles aux plus fantaisistes). Ainsi, entre autres exemples,
constatant que la maladie coeliaque est, un peu plus souvent que le simple
hasard ne le voudrait, parfois concomitante de troubles neurologiques et
psychiatriques, certains ont voulu voir dans cette affection l'origine des
troubles schizophréniques ou, peut-être, leur trouver une cause
commune. Alors, suivant en cela une tendance fort répandue de nos
jours ( les "alicaments") consistant à encourager
la consommation de toutes sortes de compléments alimentaires supposés
"améliorer la santé", ils ont vanté les (possibles)
vertus thérapeutiques sur la schizophrénie des régimes
dépourvus de gluten (c.à.d. principalement appauvris ou dépourvus
de céréales). En réalité, ces régimes
"sans gluten", d'ailleurs fort chers et très lourds à
mettre effectivement et correctement en pratique, n'influencent nullement
les manifestations des troubles schizophréniques. Des effets bénéfiques
ne peuvent en être espérés que chez les malades qui
souffrent à la fois
de schizophrénie et
de maladie coeliaque. Pour ces malades-là, même si le soulagement
des troubles digestifs et intestinaux (dûs à la maladie
coeliaque) constitue bien évidemment la délivrance bien
venue d'une partie de leurs maux et donc un mieux global, leur schizophrénie
elle-même n'en est pas pour autant ni soignée ni atténuée.
Les régimes spéciaux dépourvus de gluten
ne présentent donc pas d'intérêt pour le traitement
des affections psychotiques chroniques.
La (faible) association statistique qu'on peut observer entre schizophrénie et maladie coeliaque s'explique très vraisemblablement par la proximité, sur un même chromosome, de certains des gènes en partie responsables respectivement pour chacune de ces affections.
- Depuis quelques années, des arguments plus nombreux et peut-être
mieux étayés existent à l'appui des possibles effets
favorables d'une supplémentation alimentaire en acides gras essentiels
(les "oméga-3"), tant sur les troubles schizophréniques
que sur les troubles bipolaires (la maniaco-dépression).
Malheureusement, la dispersion des diverses études cliniques menées jusqu'à présent, portant chacune sur des nombres trop faibles de cas et effectuées dans des conditions et sur des cas souvent difficilement comparables d'une étude à l'autre, ne permet pas encore de se prononcer avec certitude sur l'utilité réelle des "adjuvants omega-3" pour améliorer les manifestations cliniques des malades psychotiques chroniques.
Il est d'ailleurs difficile d'apprécier et de départager, sur pareil sujet où les attentes des usagers sont grandes, ce qui relève de l'effet placebo, d'un véritable effet thérapeutique, d'un éventuel effet de mode et d'éventuels mais très réels intérêts commerciaux. Cependant, les acides gras essentiels que sont les "omega-3" ne sont pas en soi des médicaments et ne présentent aucun danger de toxicité (tout au plus peuvent-ils, s'ils sont pris à trop fortes doses, s'accompagner de légers problèmes digestifs). Leur usage pourrait par conséquent être encouragé chez nous, mais il semble que, jusqu'à présent, la "tournure d'esprit biologique" n'a pas encore vraiment fait son chemin chez nos psychiatres européens, qui semblent préférer surtout les "approches intersubjectives" et les théories sociologisantes plutôt poétiques, esthétisantes et contemplatives.
Les études cliniques de plus grande ampleur et d'une rigueur méthodologique suffisante pour en tirer des conclusions utilisables ne devraient pas non plus être hors de portée (ni hors de prix, ni fort difficiles à organiser), par exemple pour quelques centres universitaires se regroupant pour l'occasion, et disposant du soutien des associations de proches de malades. Qu'attend-on pour s'y mettre?
- Depuis quelques années aussi, on commence à
reconnaître que, si dans une majorité de cas (60-70%), on parvient
à trouver (même si ce n'est qu'en tâtonnant)
le neuroleptique qui atténue ou même supprime la plupart des
signes "positifs" de schizophrénie se manifestant chez
un malade, par contre les résultats de la lutte contre les signes
"négatifs" sont beaucoup plus décevants, voire nuls
chez une proportion élevée de patients. Ce sont ces signes
négatifs chroniques qui, actuellement, sont les plus invalidants
chez la plupart des malades et contribuent à leur "désocialisation".
Cependant, des chercheurs ont pu montrer que des acides aminés spécifiques de certains sites des récepteurs synaptiques (les récepteurs NMDA) comme, par exemple le glycocolle (glycine), sont susceptibles d'améliorer (de potentialiser) l'action favorable des neuroleptiques et que ces acides aminés, administrés comme adjuvants alimentaires, sont efficaces pour atténuer, enfin! les signes "négatifs" rebelles jusqu'à présent.
A nouveau, qu'attend-on chez nous pour les essayer vraiment? A-t-on peur de s'empoisonner avec ces composants pourtant très "bio", très biologiques, non médicamenteux et très physiologiques? Craindrait-on de mettre certains "psys" sur la paille?
10.
Effectuée par des chercheurs israéliens, une étude récente
portant sur 34 patients atteints soit de schizophrénie, soit d'un syndrome
schizo-affectif, a consisté à leur administrer, pendant une semaine,
en plus de leur traitement neuroleptique habituel (qui provoquait des signes
extrapyramidaux), une dose quotidienne de 100 mg de DHEA (déhydroépiandrostérone,
vide supra). Cette adjonction au traitement neuroleptique
a significativement réduit les signes extrapyramidaux, sans toutefois
influencer l'akathisie (ou "acathisie") due au neuroleptique. Ces
résultats demandent à être confirmés sur des nombres
plus grands de patients et des temps plus longs.
(T. Nachshoni & al., Schizophrenia Research 79 (2),
251-256, 2005 )
11.
Le glycocolle (glycine) auquel on se référait plus
haut circule dans l'organisme grâce à des transporteurs; la
sarcosine (N-méthylglycine) inhibe l'un de ces transporteurs (ce qui
revient à élever les taux synaptiques locaux de glycine). Dans
une récente étude portant sur 65 patients en phase aiguë
de schizophrénie, des chercheurs taiwanais ont observé une potentiation
manifeste des effets favorables du traitement par la rispéridone ("Risperdal")
en adjoignant (pendant 6 semaines) au neuroleptique 2 grammes/jours de sarcosine
dans l'alimentation. Bien que les nombres de patients de cette étude
soient encore peu élevés et que la durée des observations
soit courte, les résultats obtenus sont néanmoins cohérents
avec ceux, favorables, déjà observés pour le glycocolle.
Les auteurs prévoient de poursuivre cette recherche et d'augmenter le
nombre des patients.
(H.-Y. Lane & al., Arch. Gen. Psychiatry 2005; 62:
1196-1204)
12. On ne dispose jusqu'à présent, pour les schizophrénies, par exemple, d'aucun "marqueur biologique" validé (confirmé scientifiquement) qui permettrait d'une part de poser le diagnostic de l'affection, d'autre part de prédire de façon assurée sa réponse à un traitement donné. (Les "marqueurs biologiques" d'une affection sont ces produits de notre organisme dont soit la présence, ou l'absence, ou la concentration anormales - résulte de l'affection et en signe l'existence). Cette lacune qui handicape encore toujours lourdement la recherche nous est opportunément rappelée par le Dr R. Kaddurah-Daouk (PLoS Med 3(8):e363, août 2006). Mais ceci pourrait bientôt changer grâce aux progrès techniques avançant à pas de géant (cette "technomédecine si décriée par certains "culturopsys" de chez nous).
Nous commençons en effet à disposer de méthodes automatisées d'analyse permettant d'établir le "profil" de l'ensemble des protéines et peptides, des sucres, des composés lipidiques qui se rencontrent (normalement et anormalement) dans les liquides biologiques (plasma, LCR) des malades et des personnes en bonne santé. Cette tâche est à ce point gigantesque qu'elle était, il y a peu encore, difficilement envisageable (tout comme pour le déchiffrement du génome humain!). (Les profanes pourraient se faire une vague idée des résultats que ces méthodes fournissent, en les comparant à ces spectres des émissions lumineuses qui nous sont envoyées par les étoiles, qui nous permettent d'en analyser les composants et leurs importances quantitatives).
Les recherches de plusieurs équipes, au moyen de ces techniques,
sur des maladies mentales telles que les schizophrénies, les dépressions,
les TOC, ont commencé. Les résultats ne portent encore que sur
des nombres trop peu élevés de patients pour qu'on puisse en
tirer des conclusions générales. Ils permettent néanmoins
déjà d'espérer que ces techniques d'analyse constituent
une aide précieuse au diagnostic et au choix du neuroleptique le mieux
adapté à chaque malade en particulier.
(Holmes, E. & al.: PLoS
Med 3(8): e327, et Huang, J.T.-J., & al.: PLoS
Med 3(11): e428)
13.
Depuis maintenant une bonne dizaine d'années, les chercheurs
se sont intéressés aux anomalies de l'odorat observées
chez certains malades schizophrènes. Tout récemment, on a pu
établir que ces malades, qui présentent, dans leur transpiration,
un métabolite de l'acide hexénoïque qui lui confère
une odeur particulière, sont moins sensibles à cette odeur que
les individus en bonne santé. Cette insensibilité coïncide
aussi avec une importance plus marquée de "symptômes négatifs"
et de "désorganisation". L'insensibilité à
l'odeur du dérivé de l'acide hexénoïque était
plus fréquente chez ceux des malades qui étaient insensibles
aux phéromones.
Les chercheurs australiens sont actuellement en train de mettre au point un
"kit" test d'odorat très simple d'emploi (languettes de plastique
à gratter et à "renifler") qui devrait permettre de
détecter très précocement, non seulement les malades
dès le début des manifestations de l'affection , mais déjà
pendant la période prodromique (et peut-être déceler des
anomalies de même nature chez les membres de la famille...). Ce test
devrait aussi permettre de prévoir le "type" de schizophrénie
auquel on devrait s'attendre.
[On sait que le cortex olfactif est un des plus anciens phylogénétiquement,
qu'il reçoit des afférences dopaminergiques, et on a montré
que, si on le compare à celui de personnes en bonne santé, son
volume est diminué chez les personnes atteintes de schizophrénie.]
Les surfeurs intéressés pourront trouver des indications sur
schizophrenia.com
et une abondante bibliographie sur sensonics.com.
14.
Dans un communiqué
de presse daté du 6 décembre 2010, la firme pharmaceutique
Roche a annoncé les résultats de l'étude multicentrique
(de phase II) de 8 semaines portant sur quelque 323 patients atteints de schizophrénie
"à symptômes principalement négatifs". Ces patients
ont reçu une dose quotidienne (trois posologies testées vs un
placebo) d'une nouvelle molécule (RG1678) inhibitrice de la recapture
de la glycine (ou glycocolle déjà évoqué plus
haut), en plus de la médication neuroleptique qu'ils recevaient déjà
auparavant. Une amélioration d'au moins 20% des "signes négatifs"
a été constatée.
Le communiqué ne dit pas à quelle date on envisage de pouvoir
mettre le nouveau médicament sur le marché.
15.
Alors que déjà l'année 2011 touche bientôt
à sa fin, le diagnostic des affections psychotiques est encore toujours
basé uniquement sur la clinique, ce qui implique qu'il nécessite
presque toujours des temps d'observation très longs et de nombreux
et fastidieux "tâtonnements". Mais l'actuelle accélération
quasi explosive des progrès des techniques d'analyses biochimiques
automatisées permet désormais d'explorer en une fois un spectre
de plus en plus étendu de métabolites aussi bien dans le sang
que dans les urines ou le LCR (liquide céphalorachidien) des malades.
Ces progrès technologiques rendent enfin accessible pratiquement la
recherche des "biomarqueurs" des affections mentales, recherche
qui, jusqu'à présent, s'apparentait plus à la chasse,
non pas d'une aiguille dans une botte de foin, mais plus à celle d'un
grain de poussière dans un immense fenil (v. aussi le point
12 ci-dessus).
Des chercheurs chinois en collaboration avec des scientifiques U.S. sont ainsi
parvenus à distinguer correctement (à 100%) les malades des
non-malades, à partir d'un "panel" de différents métabolites
dans le sérum, l'urine et le LCR prélevés chez 112 malades
récents et non médiqués comparés à 110
volontaires sains. Prudents, ces chercheurs disent vouloir confirmer leurs
résultats en multipliant le nombre de cas testés. Mais on avance!
J Yang, T Chen et al., : Molecular Psychiatry
advance online publication 25 October 2011; doi: 10.1038/mp.2011.131
16.
L'ocytocine (oxytocin en anglais) est un nonapeptide (9 aminoacides)
secrété dans le cerveau (dans les noyaux magnocellulaires de
l'hypothalamus, connus sous les noms de noyaux supraoptiques et paraventriculaires).
Les extrémités axonales des neurones de ces noyaux se regroupent
dans la neurohypophyse où ils accumulent leurs transmetteurs - dont
l'oxytocine - sous la forme depuis longtemps bien connue des "corps de
Herring", inclusions dont ils déversent ensuite le contenu dans
la circulation sanguine (après avoir séparé le peptide
de sa protéine transporteuse). C'est un des exemples le mieux connu
du phénomène qu'on a appelé la "neurosécrétion",
et aussi d'une chaîne réflexe neuro-humorale. Chez les mammifères,
dont l'espèce humaine, cette hormone est responsable, principalement,
de la contraction du muscle utérin lors de l'accouchement, et du réflexe
d'éjection du lait lors de l'allaitement, qui est provoqué par
la stimulation du mamelon par la tetée du nourrisson. Assez récemment,
on s'est aperçu que l'ocytocine n'agit pas seulement sur des tissus
périphériques situés en dehors du cerveau, mais influence
également directement celui-ci en exerçant des effets sur les
réactions affectives et les relations sociales, ce qui a motivé
certains à appeler ce peptide l'hormone de l'amour (voyez Lee
et al., 2005)
Des travaux cliniques sur l'homme (Feifel, D. et al., Biol
Psychiatry 2010;68:678-680) font état de l'effet favorable
sur les symptômes de la schizophrénie de l'administration d'ocytocine
en spray nasal. Des résultats favorables comparables ont été
obtenus lors d'une étude portant sur des patients non plus schizophrènes,
mais atteints de troubles du spectre autistique (Andari, E. et al.,
PNAS,
107(9), 43-89, 2 mars 2010). Ces résultats sont encore trop limités
pour qu'on puisse proposer et généraliser un traitement par
ocytocine supplémentant en routine celui de tous les patients souffrant
de schizophrénie. Mais il me semble qu'on pourrait sérieusement
envisager, en début de traitement, d'au moins vérifier par de
simples tests préalables la possible efficacité de pareil adjuvant
peu difficile à mettre en œuvre.
17.
Il semble bien qu'on redécouvre, mais
de nos jours seulement, une technique non invasive de traitement de troubles
du cerveau qu'on connaissait pourtant depuis longtemps (voyez
ici) mais qui avait été abandonnée et
pour ainsi dire oubliée en faveur, tout d'abord de l'électroconvulsivothérapie
(les électrochocs) souvent efficace sur les dépressions sévères
(mais qui a gardé de ses débuts - à vrai dire peu engageants
- une mauvaise réputation dans le public), et plus récemment
par la stimulation magnétique transcrânienne
dont les indications thérapeutiques pourraient se multiplier pour diverses
affections (dont les schizophrénies).
La stimulation électrique transcrânienne
par courant continu (sigle anglais: tDCS) a été expérimentée
sur des patients schizophrènes par différentes équipes
de chercheurs (France: Université de Lyon: Bron - Le Vinatier:
2012
; Harvard, U.S.A: 2011;
Sidney, Australie: 2011).
Des résultats prometteurs ont été obtenus sur les hallucinations,
les signes "positifs" et "négatifs", et sur les
processus de pensée associative.
L'appareillage ainsi que la technique mise en œuvre sont beaucoup moins
lourds et moins onéreux, tant financièrement qu'à l'usage,
que ce qui est nécessaire pour la stimulation magnétique transcrânienne.
Les essais n'ont jusqu'à présent porté que sur un nombre
limité de patients, mais ils se sont avérés dépourvus
de séquelles négatives. On peut donc espérer que ces
essais vont bientôt se multiplier, et que leurs indications vont rapidement
se préciser.
18.
Dans la question 3 de la FAQ, j'évoquais déjà
les études ayant porté sur les effets de la consommation de
cannabis suspectée de favoriser l'apparition d'une schizophrénie.
Ces études ont été à l'origine de controverses
et de polémiques dans le public, sur la nocivité de cette addiction
(les amateurs de joints ne voulant pas y "croire", les opposants
étant bien évidemment de l'opinion contraire). Les résultats
parfois en apparence discordants de ces études pourraient s'expliquer
par l'hétérogénéité des préparations
de cannabis mis en circulation par un commerce à l'origine souvent
plus ou moins clandestin, au contrôle pharmacologique et médical
sans doute quasi absent, conditions peu favorables à la constance de
composition et à la qualité de produits distribués "sous
le manteau". Plusieurs études ont depuis démontré
qu'un "cannabinoïde", le cannabidiol (CBD), possède
des propriétés antipsychotiques - même plus marquées
que celles du médicament "amisulpride". Cette molécule
naturelle coexiste avec le Delta9- tétrahydrocannabinol (THC) dans
les préparations d'herboristerie de marijuana. Les deux composants
exercent, directement et indirectement, des effets opposés sur les
récepteurs cérébraux au cannabis: le THC favorise les
manifestations psychotiques, le BDC au contraire les atténue.
Je n'ai toutefois pas connaissance de publications d'études cliniques
multicentriques menées actuellement à grande échelle
sur l'usage thérapeutique en psychiatrie du CBD. Pareilles études
ne devraient sans doute pas tarder à être publiées, car
le CBD, sorte de molécule "polyvalente" (ne disons pas
"miracle"), serait aussi doué de propriétés
anticancéreuses.
Voyez aussi:
- Zuardi, A.W. & al., Brazil. J of Med. Biol. Res. (2006) 39: 421 - 429
- Morgan, C.J.A. & al. BjPsych (2008) 192: 306-307
- Leweke, F.M. & al. Transl Psychiatry (2012) 2: e94
19.
L'administration d'acide folique (vitamine B9)
et de vitamine B12, ainsi que de choline ou de phosphatidyl
choline, chez les mères pendant la gestation et les nourrissons pendant
les premiers mois après la naissance, se justifie par le "principe
de précaution" et les explications détaillées, trop
longues pour figurer ici, en sont données dans l'article "Progrès
Divers".
Première publication: 28 Juillet 2001 | (J.D.) | Dernière modification: 8 avril 2013 |