Chap. III
Note 1

On reconnaît la schizophrénie aux signes et aux symptômes par lesquels elle se manifeste.

Les "signes" d'une maladie: ce sont les anomalies "physiques" ou "concrètes" que le médecin observe, constate et peut éventuellement mesurer chez son patient: quelques exemples parmi une multitude d'autres possibles: l'amaigrissement exagéré ou la prise de poids excessive, la pression sanguine trop élevée ou trop basse, le rythme cardiaque anormal, tel ou tel organe trop gros ou de consistance anormale, etc., etc.

Les "symptômes" d'une maladie: ce sont les manifestations de la maladie que le patient ressent, dont il se plaint et pour lesquelles, habituellement, il se rend chez un médecin et le consulte. Quelques exemples parmi une infinité de possibilités: douleurs diverses, faiblesses diverses, perte d'appétit, essoufflement, vertiges, fatigue exagérée, etc., etc., et que sais-je encore...

Ce sont là les définitions de deux termes médicaux que les futurs médecins apprennent au cours de leurs études. On se rend alors compte de deux particularités propres aux affections mentales chroniques comme la schizophrénie: elles ne se manifestent pas véritablement par des symptômes, car la plupart des malades mentaux "psychotiques" en général n'attribuent pas les inconvénients, ressentis du fait de leur affection, à leur propre "état de santé mentale", ils ne se rendent pas de leur propre initiative chez le médecin ou chez le psychiatre. Ils croient éventuellement plus volontiers que ce sont les autres qui leur font des misères et leur créent des problèmes ("je ne suis pas fou, ce sont les autres qui le prétendent et sans doute le sont-ils eux-mêmes").

Parler des symptômes de la schizophrénie est donc inadéquat, même si c'est devenu une habitude dans le grand public et même chez de nombreux psychiatres.
Quant aux signes que le médecin et l'entourage peuvent observer chez un malade psychotique, ils ne sont pas physiques ni concrets. Ce sont les bizarreries, les incohérences du discours, des raisonnements, des croyances, du comportement, inadéquats aux circonstances, aux situations, aux buts prétendument poursuivis, de même que l'inadéquation de l'humeur ou des émotions aux circonstances vécues. Voyez aussi
Syndrome

Les "signes" et "symptômes" rassemblés au sein du "syndrome" défini par cet assemblage sont "psychologiques", c'est-à-dire qu'ils portent sur les attitudes, le discours (rendant compte de la pensée), l'humeur, les émotions, le comportement. Ce ne sont donc pas des grandeurs physiques aisément mesurables par rapport à une grandeur étalon strictement définie et bien connue de tous. Leur degré d' "anomalie", leur sévérité, peut par conséquent n'être pas évidente à l'observateur occasionnel, fût-il professionnel. Le caractère "anormal" d'un trait psychologique d'un individu dit "malade" ne peut évidemment s'apprécier exactement que par comparaison avec ce trait chez la même personne quand elle semblait encore bien portante. C'est la nature et la "grandeur" du changement intervenu qui sont significatives. Le psychiatre examinateur n'est que très exceptionnellement le témoin direct de ce changement: très nécessairement et logiquement, et tout comme certains carabiniers d'opérette, il ne peut arriver qu'après ce changement, donc forcément trop tard (pour comparer après à avant).


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